Open Spaces (15)

Peut-être avez-vous besoin de relire le chapître précédent ? Ou de lire l'histoire depuis le début ?

La c’est un peu trop, je me rend compte que je t’illusionne. Je ne peux pas te laisser penser que je suis un brave gars de gauche, travailleur mais anti-bourgeois. Tu sais, le genre de mec qui bosse comme un fou pour dépasser sa condition, émouvant aux larmes ses parents en conquérant par l’effort un poste prestigieux mais qui garde une dent, bien compréhensible contre les “gosses de riche” à qui tout tombe tout cuit dans la bouche. Non, moi je n’aime pas le travail. Vraiment, ne souris pas. Je suis pas trop trop con, ce qui m’a permis d’arriver sans trop d’effort la ou je suis. Les “gosses de riche” j’en ai croisé, la plupart ont été bien plus aimables avec moi que les “jeunes de milieu modeste”.

On a du fric ou on en a pas, point barre. On fait avec ce qu’on a à la naissance et si c’est une cuillère en argent dans le derche ma foi pourquoi pas! Le seul vice que je n’ai pas : l’envie. Si on se retrouve à trimer pour en survivre, ce n’est pas “une chance”, un “challenge à relever”, ce n’est pas non plus une “injustice sociale”, ça craint, c’est tout. Voilà ce que je pense. Alors oui, c’est sûr, bolchévique que tu es, tu vas me sortir que ce sont les bourgeois qui monopolisent les richesses et tirent les ficelles du chantage à l’emploi. Si tu n’es pas trop de mauvaise foi, tu te modéreras peut-être, et nous tomberons d’accord pour dire qu’il est bien possible que les ancêtres de Laurence aient mis les miens dans la panade. Mais ce n’est pas pour cela que je déteste Laurence. Elle n’y est pour rien.

A suivre...