26 Novembre 2021
Ado, j'étais mi gothique mi garçon manqué, et je cultivais la vibe "antre poussiéreuse et dédiée au chaos" dans ma chambre, au grand désarroi de ma mère (je pense que c'étais mon but). Je ne faisais donc le ménage que lorsque j'y étais forcée, lorsque ma mère se mettait vraiment en colère, et je faisais la gueule quand on le faisait à ma place !
A l'époque, mes préoccupations et mes relations sociales étaient différentes d'aujourd'hui, et je me souviens que je ma désinvolture était totalement sincère : le bordel ne me dérangeait pas du tout. Au contraire, c'était ma façon de marquer mon territoire dans une maison par ailleurs impeccable et décorée avec grand soin.
Puis en grandissant, j'ai fini par habiter "chez moi", et ce besoin de marquer mon territoire a disparu puisque je vivais dans un territoire rien qu'à moi. Je pense que c'est à partir de cette période que le bordel a commencé a me déranger. Discrètement d'abord : c'est fatigant pour les yeux, je trouve. J'apprécie les décos minimalistes qui évitent de sur-stimuler la vue.
Mon entourage a évolué aussi : assumer un intérieur destroy ne me faisait plus apparaître comme cool et rebelle mais plutôt comme sale et fainéante. Bien que peu sensible au regard des autres, j'ai peu a peu développé une réelle gêne sociale : j'espérais que personne ne passerait à l'improviste me rendre visite car accueillir quelqu'un pour un simple café nécessitait au minimum une demi journée de préparation des lieux, soit pour rattraper le ménage "en retard" soit pour masquer le bordel en l'entassant ailleurs.
Bref c'était devenu un problème, une source d'anxiété et d'inconfort. De sentiment d'infériorité aussi : pourquoi n'étais-je pas capable d'accomplir des tâches qui semblent naturelles à la majorité ?
En réfléchissant, j'ai pu constater que ce n'était pas une question de fainéantise : je suis capable de consacrer beaucoup d'effort à quelque chose qui me motive. Ce n'était pas non plus une question de temps : que je travaille ou non, à temps plein ou non, à la maison ou non, le résultat était le même.
C'était donc un problème de motivation : je faisais le ménage à fond, quand j'y étais "forcée" par l'arrivée imminente de quelqu'un. Donc je le faisais de façon intensive, en utilisant beaucoup de temps et d'énergie, et surtout, je ne le faisais pas pour moi mais seulement pour sauver les apparences. Pas très motivant tout ça !
Première étape : déconstruire cette identité de personne qui s'en fout totalement, et admettre, une bonne fois pour toute, que oui, j'ai changé, et pour mon confort, j'apprécie un minimum d'ordre et de propreté. Je suis un peu moins anticonformiste qu'avant donc. C'est pas bien grave, mais il a fallu l'accepter pour pouvoir me dire que j'allais entretenir un environnement propre, tout simplement pour mon bien être personnel.
Deuxième étape : assumer. Briser le tabou. C'est à dire admettre que je ne savais pas du tout comment font les "gens normaux", qu'il me manquait des infos la dessus, des habitudes pratiques. Et donc pouvoir demander de l'aide et chercher des solutions. Non, il ne suffit pas de "se retrousser les manches", ça serait la réponse facile d'une personne pour qui faire le ménage est naturel. Sauf que quand on a pas DU TOUT l'habitude, on ne sait pas par où commencer, quoi faire, à quelle fréquence, avec quel produit...
Troisième étape : arrêter de se juger, de se comparer, de vouloir faire les choses parfaitement, d'idéaliser les autres. Pour tenir dans la durée, j'ai revu mes exigences à la baisse car viser la perfection correspond à un niveau d'effort trop élevé pour moi (quelque soit mes activités par ailleurs). J'ai donc rationalisé le problème : je souhaite une maison présentable la majorité du temps. Voilà un objectif atteignable, et tant pis si c'est plus joli chez les autres, moi ça me suffit.
Voilà comment petit à petit, à force d'introspection et de pragmatisme, j'ai réglé ce problème, et arrêté de me prendre la tête sur le sujet du ménage. Bien sûr, il m'arrive encore de laisser le bordel s'installer un peu, et il m'arrive aussi de stresser et de devoir mettre le turbo sur une demi journée quand nous recevons la famille pour plusieurs jours par exemple. Mais la plupart du temps, tout va bien, et les amis peuvent passer nous faire coucou ou prendre un café sans que j'ai honte d'ouvrir ma porte.
Dans la vidéo, je détaille davantage les solutions pratiques que j'ai mises en place, j'espère que cela pourra aider certaines personnes paumées comme je l'étais !
Et vous, à quelle fréquence faites vous le ménage ? Est-ce une corvée ou un automatisme ? Entretenez-vous votre lieu de vie en permanence ou est-ce la panique avant une visite ?